Après avoir évoqué la semaine dernière la différence entre le couple et la puissance d’un moteur, je vous propose aujourd’hui de regarder en détail la façon dont est produit le couple moteur et de lister quelques moyens dont on dispose pour optimiser les performances d’un moteur.
Comment un moteur produit-il du couple ?
Par l’intermédiaire du fameux système bielle-manivelle : lors de la combustion, l’énergie libérée pousse le piston, qui pousse la bielle, qui fait tourner le vilebrequin ici en rouge.
Si l’on mesure ou calcule le couple INSTANTANE au bout du vilebrequin on tombe sur quelque chose qui ressemble à ça :
Notons qu’on se trouve ici à un régime de 3200 tr/min et qu’il s’agit d’un moteur 4 cylindres en ligne.
En pointillé, on a le couple généré uniquement par l’inertie de l’équipage mobile (piston, bielle, vilebrequin) et en trait plein le couple obtenu sur le vilebrequin lorsqu’on ajoute le couple généré par la combustion. On voit que, pendant un cycle, les instants où le couple est maximal correspondent aux combustions.
Pour l’anecdote, regardons ce que donne le même moteur, mais cette fois à un régime plus élevé, 5400 tr/min :
Mêmes légendes que pour le graphique précédent. Par contre, le couple maximal n’est pas « causé » par la combustion mais par l’inertie des pièces.
Longue course, carré, super carré ?
Comme vous le savez sans doute, l’alésage correspond au diamètre d’un cylindre et la course correspond à la distance entre le Point Mort Haut (PMH) et le Point Mort Bas (PMB).
Un moteur longue course est un moteur dont la course est plus grande que l’alésage. Pour un moteur carré, la course est égale à l’alésage. Un moteur super carré a quant à lui un alésage plus grand que sa course.
Quelles sont les différences ? En faisait la même analogie que dans l’article précédent (couple de serrage), un moteur longue course dispose d’un « grand bras de levier ». C’est à dire que pour une même quantité de carburant brûlée dans le cylindre, le couple instantané généré sera plus élevé.
Comme vous pouvez le voir sur l’animation ci-dessous, pour un même régime moteur, le piston d’un moteur longue course (en rouge) a une vitesse moyenne nettement plus élevée que pour un moteur supercarré. Cette vitesse est limitée par les matériaux utilisés et limite le régime maximal du moteur. Les moteurs longue course sont donc de moins en moins présents dans l’automobile pour cette raison. Il sera plus facile de faire de la puissance par la vitesse de rotation que par le couple produit (Rappel : Puissance = Couple x Régime)
Le moteur Toyota 1,0L 3 cylindres qui équipe l’Aygo, la 107 et la C1 est un exemple de moteur longue course.
A l’opposé, les moteurs de F1 sont très super-carrés et permettent d’atteindre les régimes de rotation extrême tout en garantissant la durabilité nécessaire à plusieurs courses.
C’était donc le côté « mécanique ».
Quelle est la recette pour fabriquer du couple ?
Le couple est directement lié à l’énergie libérée lors de la combustion.
L’énergie libérée lors de la combustion est proportionnelle à la masse de carburant introduite dans la chambre de combustion.
La masse de carburant est conditionnée par la masse d’air admise dans le cylindre (en effet, pour brûler x grammes de carburant, il faut y grammes d’air).
On en arrive donc à : pour faire du couple, il faut admettre de l’air.
Pour cela, plusieurs solutions complémentaires ou non :
- La cylindrée
- La distribution
- L’acoustique
Après ces quelques exemples, il est important de noter que de nombreux éléments viennent limiter les performances des véhicules : le prix de la technologie (je le mets en premier, c’est la crise), la technologie (plage de fonctionnement d’un turbocompresseur, …), les émissions polluantes (présence du catalyseur à l’échappement qui introduit une perte de charge), le cliquetis (combustion anormale pour les moteurs essence), les émissions de fumée pour les moteurs Diesel, la résistance des matériaux, …
S’il faut retenir quelque chose, ce serait que la construction d’une courbe de couple d’un moteur est le fruit de multiples compromis.